Au fil de l’évolution de la maladie, la personne avec Alzheimer peut perdre la reconnaissance des visages, même ceux très familiers. Ce trouble est une forme d’agnosie visuelle qui s’appelle la prosopagnosie.
L’agnosie, trouble de la reconnaissance, est fréquente dans la maladie d’Alzheimer. Elle correspond à une incapacité à élaborer un lien entre un objet et son nom, entre un objet et sa fonction… Il existe plusieurs types d’agnosie : l’agnosie visuelle où le patient ne reconnait plus les objets familiers, les chiffres et les lettres, l’agnosie auditive lorsque la personne ne reconnait plus les sons, l’agnosie tactile qui concerne l’oubli de la sensation du toucher. On parle aussi d’agnosie spatiale et corporelle.
Pourquoi est-ce qu’il ne reconnait plus les visages familiers ?
La personne atteinte d’un déficit de reconnaissance des visages n’arrive pas à construire une image globale du visage. Il ne perçoit qu’un kaléidoscope, des détails. Il est donc obligé d’analyser le visage élément par élément pour tenter, parfois en vain, d’identifier la personne.
Un trouble de la perception plutôt qu’un trouble de la mémoire
Dans la maladie d’Alzheimer, la perception et la mémoire des visages sont davantage affectées que celles des objets, selon une étude publiée dans le Journal of Alzheimer’s Disease.* Selon Sven Joubert* de l’Université de Montréal, l’humain a développé une capacité à détecter et à reconnaître très rapidement les visages qui reposeraient sur une perception globale, qui se différencie d’une perception basée sur les éléments individuels (yeux, nez, bouche, etc.). L’étude* montre que la difficulté à reconnaître les visages pourrait provenir d’une difficulté de perception globale, et non pas seulement d’un trouble de la mémoire.
>> Quels sont les différents types de mémoire impactés par Alzheimer ?
Que faire si mon proche est atteint de prosopagnosie ?
- Dépister grâce à des tests spécifiques comme le Test de Benton et Van Allen.
- Si le langage est préservé, demander au patient de décrire des éléments isolés (bouche, nez, cheveux), tout en sachant qu’il aura des difficultés à en faire un « tout » pour l’associer à une personne connue.
- Utiliser la voix et le toucher pour compenser l’agnosie visuelle.
- Stimuler les capacités des patients lors d’exercices les invitant à identifier des visages, généralement ceux de personnalités célèbres.
- S’exercer avec le patient à se concentrer sur les petits détails pour faciliter la reconnaissance : les lunettes, la voix, le parfum, la manière de marcher…
*Source: “A qualitative impairment in face perception in Alzheimer’s disease: Evidence from a reduced face inversion effect”, Journal of Alzheimer’s Disease, vol. 51, no 4, 12 avril 2016. Sven Joubert est chercheur du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS) et soutenu par la Société Alzheimer du Canada.
Voici deux jeux qui pourraient aider les malades Alzheimer :
Le jeu de droite est le mémo des habilités sociales qui montrent une variété d’expressions et d’émotions et des photos en situation sur le thème de la famille et des amis réunis. Il faut retrouver les paires ! Ce jeu permet de s’exercer à se concentrer sur les détails du visage pour compenser le trouble.
Le jeu de gauche est le mémo des stars d’hier ! Sur chaque carte, le verso avec un acteur en gros plan et au verso 9 portraits. Le but est de retourner 2 cartes, repérer si une célébrité est présente sur les 2 et obtenir le plus de paires.