La récupération espacée est une approche non médicamenteuse, qui permet de corriger certains troubles de la mémoire liés à la maladie d’Alzheimer. Elle permet aux malades Alzheimer de retenir des informations et de faire de nouveaux apprentissages. L’objectif de la récupération espacée est de diminuer dans la mesure du possible les conséquences de la maladie au quotidien afin de préserver l’autonomie des personnes.
Historique
Elle a été mise au point dans les années 1980 par des neuropsychologues auprès de personnes amnésiques suite à un traumatisme crânien ou à un accident vasculaire cérébral. L’objectif était de permettre à ces personnes d’apprendre ou de réapprendre des savoir-faire et/ou des informations importantes pour leur vie quotidienne. 10 ans plus tard, cette technique a été adaptée pour être utilisée auprès de personnes atteintes de maladie d’Alzheimer et d’autres démences.
Les différents types de mémoire
En neuropsychologie, on distingue deux types de troubles de la mémoire :
- Les troubles de la mémoire épisodique, c’est-à-dire la capacité de se souvenir d’événements vécus, qui vont se stocker en mémoire et constituer notre fil conducteur. Cette mémoire est sévèrement touchée par la maladie d’Alzheimer. Si les souvenirs très anciens sont conservés, le malade ne peut plus enregistrer de nouvelles choses comme la date, le jour ou l’endroit où il se trouve. Il ne va plus retrouver des objets, va répéter sans cesse les mêmes questions…
- Les troubles de la mémoire sémantique. La mémoire sémantique est celle de nos connaissances générales sur le monde (l’histoire, la géographie, ..). Elle concerne aussi les connaissances liées au langage, le sens des mots mais aussi tout ce qui va nous permettre de reconnaître des objets, ou des personnes… Les troubles de la mémoire sémantique pèsent énormément sur l’autonomie au quotidien de la personne malade Alzheimer.
La récupération espacée est une technique de réhabilitation cognitive qui utilise principalement la mémoire implicite.
Cependant, certaines mémoires comme la mémoire implicite, la mémoire procédurale (nos savoir-faire acquis par la répétition) semblent être préservées.
Comment ça marche ?
Le postulat de départ est que les patients Alzheimer conservent tout de même certaines capacités d’apprentissage. Le stade précoce semble le moment le plus favorable pour utiliser cette méthode. Extrait de l’article A quoi sert la récuparation espacée dans la PEC du sujet Alzheimer?: «Une information est donnée à la personne qui doit la répéter immédiatement puis avec un délai de quelques secondes. Si elle répond correctement, on augmente le délai jusqu’à ce que la rétention soit acquise définitivement. Le temps de 5 minutes semble suffisant pour beaucoup de sujets, mais il peut arriver qu’il faille des temps bien plus longs (et donc plus de répétitions) pour obtenir le maintien de l’information à long terme. On considère que l’information est acquise lorsqu’elle est rappelée trois séances consécutives. Si le sujet se trompe lors d’un rappel, on revient en arrière, au délai précédent, en lui donnant à nouveau l’information et on recommence la progression.»
Concrètement ?
L’idée est de faire répéter l’information ou l’action à la personne dans un court laps de temps et cela plusieurs fois. Par exemple, l’aidant fournit à la personne malade l’information à mémoriser. Le patient doit la répéter immédiatement.
Quand je suis devant mon assiette et mes couverts, je mange.
Après un délai très court (par exemple 30 secondes), l’aidant demande à la personne de redonner l’information : » Que faites-vous quand vous êtes à table avec une assiette et des couverts ? » Si le patient répond correctement, l’aidant repose la question après un délai un peu plus long (par exemple 60 secondes). Ce délai est ensuite progressivement allongé. En cas d’échec, on revient au délai précédent. Chaque essai se termine par la production de la bonne réponse. L’information est considérée comme mémorisée quand la personne redonne l’information après un délai de 5 minutes ou quand elle redonne seule l’information après 3 séances consécutives. Si l’apprentissage s’avère impossible, on peut écrire l’information sur une fiche. Il s’agit alors d’apprendre au malade Alzheimer à consulter une fiche liée à la connaissance à acquérir.
Quelques exemples d’utilisation…
- Une résidente ne reconnaissait plus son fils. Après un travail sur photo, elle a pu de nouveau nommer son fils.
- Une patiente atteinte d’une démence sévère restait immobile devant son assiette pleine. Elle a réappris à manger (et évité la pose d’une sonde).
- Une personne qui restait seule au domicile de son fils dans la journée était sujette à des crises d’angoisse (appel des pompiers…). Elle a appris à consulter en cas de stress le message collé sur la porte
- Un monsieur n’arrivait pas à utiliser son téléphone portable. Il a appris à consulter une fiche explicative. Sa femme lui a demandé d’appeler un de leurs enfants tous les soirs.
Astuce : pourquoi ne pas utiliser des pictogrammes pour créer des affichettes d’aide et de soutien dans le cadre de la récupération espacée ?
La mise en place en 4 étapes
- Etape 1 : Définir une connaissance/compétence à apprendre.
- Etape 2 : Obtenir le consentement de la personne malade pour éviter les comportements d’opposition.
- Etape 3 : Réaliser au moins une session par semaine tout en restant souple et en sachant modifier et adapter les délais.
- Etape 4 : utiliser fréquemment les connaissances » entraînées « .